Pourquoi le désert ?
Que représente le désert pour moi ?
Un ami, l’air taquin, me disait : « Pourquoi aller si loin ! Va te promener à la mer. C’est pareil : sable, vent, espace, silence (quoique !)… « . Oui, son raisonnement tient la route. Si ce n’est que le désert possède une magie ! Ceux qui la rencontrent ont d’ailleurs de la difficulté à la décrire. C’est au-delà des mots !
Si des mots me venaient en vrac à propos du désert, ce serait : magie-intensité-cheminement-soi-calme-intériorité-joie-liberté-Univers-Humanité… Si on accepte de se laisser toucher par lui, on ne sort pas pareil du Sahara (désert en arabe). A cet ami que je cite ci-dessus, je peux dire qu’une semaine à la mer n’a pas le même impact sur moi ou les personnes qui m’accompagnent dans le désert.
Il y a d’abord la démarche : celle de partir
Partir au creux des dunes, tonnes de minuscules grains de sable qui forment un « rien » majestueux. Ici, quand je regarde mon jardin belge par la fenêtre, je suis ravie par mille couleurs de fleurs et mille tons foisonnant de vert. Là-bas ? C’est une ligne beige ou ocre…
C’est être au cœur du plus simple. Rien ne nous distrait de nous-même et de l’Autre (avec un grand A). C’est la plénitude du manque. S’y allie la simplicité des chameliers et l’intimité qui se crée au sein du groupe, enveloppe chaleureuse composée de personnalités différentes mais venant toutes là dans ce même esprit qu’on pourrait appeler « retrouver quelque chose de soi « …Ne fut-ce que le repos, celui du corps, celui de l’âme !
Partir dans le désert, c’est aussi retrouver ses racines nomades : cela commence par faire une valise en laissant le superflu et l’inutile. C’est l’occasion d’un retour aux valeurs essentielles de chacun. Et puis, le « chez nous » là-bas, c’est partout, où qu’on s’arrête. Nous « sommes » partie immédiate du monde… sans mur, ni toit pour nous limiter.
Le désert, c’est aussi la papote le midi ou le soir autour du feu, les rires, les chants, les danses bédouines dans lesquels nous entraînent les chameliers.
Pourquoi proposer d’y cheminer en silence ?
Christian Bobin écrit : « Le silence permet de suivre le fil invisible de son soi profond » Et : « Parler au vide pour que le vide nettoie notre parole ». Et : « La parole doit venir à certains moments, mais ce qui instruit et ce qui donne, c’est la présence. C’est elle qui est silencieusement agissante ».
C’est allier la magie du silence à la magie du désert qui portent toutes deux à l’intériorité. C’est s’ouvrir aux cadeaux du désert : Quand on sort du désert, on n’est plus pareil. Le désert nous a révélé, à notre insu quelque chose de nous-même. Il nous apprivoise. C’est s’ouvrir aux cadeaux du silence : Quand on se tait, les choses peuvent prendre une autre place à l’intérieur de nous…on apprivoise certaines de nos faces cachées. C’est se ressourcer dans le plaisir d’un contact différent à l’autre et à nous-même.
Pourquoi une majorité des personnes l’ont vécu comme ressourçant ?
Le désert, c’est l’apaisement par le peu de stimulations visuelles et auditives. Si, comme l’écrit de manière un peu caustique, Edgar Kosmas, « la musique est l’unique échappatoire située entre deux malaises apposés : le silence et le bruit », alors le désert est une belle musique !
Le désert, c’est se plonger dans l’immensité d’un sable riche de vertus magiques plutôt que dans la course effrénée quotidienne . Il n’y a rien à faire ! Il y a à vivre. Juste vivre. Juste se laisser vivre ! Comme d’autres voyages, le désert, c’est se déconnecter des habitudes, du milieu proche, à la différence qu’ici, c’est aussi éteindre son GPS, son GSM et ne plus « pouvoir » « vite » « les » contacter ! C’est laisser « décanter », comme les tout bons vins, nos problèmes et tracas pour les envisager, au sortir du désert, sous un autre aspect. C’est le temps béni d’une parenthèse, légers de nos sacs que portent les chameaux, loin de notre monde trépidant. C’est revenir aux gestes lents et précis que nous admirons chez nos hôtes.
Le désert, c’est revenir à sa source, écouter le vent, l’autre, le chamelier, le dromadaire, le rien, s’exprimer au plus près de soi, se négocier un temps de douceur, fort de la chaleur du groupe, respirer enfin amplement et méditer au sommet de la dune la plus haute, haute de sa propre grandeur.